Durant les 5 années d’expérimentation des Maisons de Naissance françaises, différentes études et rapports ont été publiés, convergeant tous vers un bilan très positif de celle-ci.
Ce rapport porté par le groupe de recherche sur l’évaluation des Maisons de Naissance avait pour objectif d’évaluer les pratiques obstétricales et la santé des femmes et des nouveau-nés pris en charge en maisons de naissance, et les effets du changement de paradigme qu’elles initient, rapidement après le début de l’expérimentation ces nouvelles structures en France.
En effet, les maisons de naissance modifient singulièrement l’offre de soins française en périnatalité en proposant :
- un modèle de soins patient-centré et innovant, avec une trajectoire de soins qui mixe parcours de soins en ville, en structure et à domicile ;
- un modèle de soins continu où le suivi médical et les soins sont tous assurés par la même sage-femme ou par un binôme connu de la femme ;
- et enfin un modèle qui valorise la salutogénèse car la promotion de la santé et la prévention constituent les concepts fondateurs de ces structures. »
Alors que les pays à haut niveau de ressources ont instauré des maisons de naissance depuis longtemps déjà et les évaluent régulièrement à travers de nombreuses publications scientifiques, cette étude a permis de combler une partie du retard que la France accuse dans ce domaine et ouvre des perspectives cliniques et scientifiques nouvelles.
Ce rapport fait état de :
- 649 femmes prises en charge en MdN au cours du travail pendant l’année 2018, parmi lesquelles 506 y ont effectivement accouché et 143 ont été transférées et ont accouché dans les maternités partenaires (22 %).
- Très peu d’interventions au cours du travail parmi les femmes ayant accouché en MDN ou ayant été transférées durant le travail dans la maternité partenaire (moins de 3 % de rupture artificielle des membranes, moins de 2 % d’épisiotomies et 90,5 % d’accouchements par voie basse spontané, 6,5 % par voie instrumentale et 3 % par césarienne.)
- Le taux de césarienne dans le groupe des femmes transférées pendant le travail est de 15%.
- 22 % de transferts maternels pendant le travail, principalement hors contexte d’urgence, 6 % de transferts de mères (pour HPP principalement) et 6 % de transferts de nouveau-nés (principalement pour surveillance de situations à risque – risque infectieux, risque liés au poids ou à un ictère) dans la période post-natale
Les maisons de naissance évaluées dans les pays à haut niveau de ressources ont démontré la sécurité et la salutogénèse des soins qui y sont prodigués. Notre étude montre que les maisons de naissance françaises ont des résultats comparables et en particulier : un niveau de sécurité satisfaisant et une très faible fréquence d’interventions.
Le rapport médico-économique sur le fonctionnement des Maisons de Naissance réalisé par Olivia Plaisant, sage-femme à la MdN Le temps de naitre en Guadeloupe, pour le collectif des 8 MdN en expérimentation en France, met en lumière la pertinence du développement de ces structures tout en soulevant les points qui mériteraient d’être améliorés.
Pertinence des MdN pour la société
- Un haut niveau de qualité de soins, avec un niveau d’investissement matériel très modeste
- Diversification de l’offre de soins en obstétrique
- Développer l’animation de la parentalité dans et autour des Maisons de Naissance
Pertinence des MdN pour les maternités partenaires
- Une diversification de leur offre de soins sans gestion d’un personnel supplémentaire
- Une image positive et attractive pour l’établissement partenaire
- Un bassin de recrutement qui peut-être élargi en fonction du lieu du domicile des sages-femmes
- Un accueil de 40% des transferts de la Maison de Naissance
- Les charges locatives de la Maison de Naissance
- Une émulation pour l’équipe obstétricale de la maternité partenaire
Pertinence des MdN pour les sages-femmes
- Un exercice diversifié qui sollicite toutes les compétences des sages-femmes
- Association une femme/une sage-femme
- Une possibilité d’exercer dans une petite équipe et en autonomie, avec une gestion horizontale et transversale
- L’opportunité de se concentrer sur l’expertise en physiologie, cœur de métier de la sage-femme
- Une grande satisfaction apportée par l’accompagnement global des familles sur une longue période
- Un complément de revenu pour la sage-femme d’appui et une diversification de l’activité du cabinet